Jour 6
Ce matin, je me réveille en sachant que c'est le dernier jour. Ce soir, nous dormirons à Apriltsi et demain, je prendrai l'avion pour rentrer en France. Il s'agit à présent de savourer cette dernière journée. Ça commence par un petit-déjeuner agrémenté de la part de gâteau au chocolat cédée par Miro la veille. Je l'ai conservée dans ma chambre cette nuit et, même si elle a un peu séché, elle est toujours aussi délicieuse. De plus, ce matin, il y a des toasts et du beurre ; avec la part de gâteau au chocolat, j'ai tout ce qu'il me faut pour attaquer la journée du bon pied. Nous prenons notre petit-déjeuner seules dans la salle à manger et en mangeant nos tartines, nous songeons à Miro et son étalon qui écument déjà la montagne pour rassembler les fameuses vaches.
Lorsqu'il revient, nous sommes prêtes mais pas nos chevaux, que Miro n'a pas eu le temps de préparer avant de partir. Pour la première fois, il consent à nous laisser les brosser mais c'est lui qui les selle, même s'il prend le temps de nous donner quelques explications. Quand je lui demande un cure-pied, il me répond qu'il n'en a pas : quoique les chevaux aient sous les sabots, ça tombera quand ils marcheront sur les cailloux, me dit-il.
Une fois nos chevaux sellés et notre bête de somme bâtée, nous nous mettons en selle et prenons le départ. Nous quittons le refuge après un dernier au revoir au gérant et descendons jusqu'à la rivière où nous abreuvons les chevaux. Miro nous abandonne alors le temps de rassembler de nouveau les vaches. Il fait bon, le soleil nous chatouille la couenne et c'est bien agréable. Nous prenons quelques photos, Film prend tout son temps pour boire puis nos deux chevaux se mettent en quête d'un complément à leur petit-déjeuner.
Pour ma part, je laisse les rênes de mon cheval à Hélène et cherche un endroit abrité où faire une petite pause pipi. Peine perdue, il n'y a pas un seul arbre en vue : l'endroit est dégagé et les seuls buissons m'arrivent à la cheville. Allez, c'est la montagne, il n'y a personne, Hélène se tourne gentiment dans une autre direction, je baisse mon pantalon et satisfait mon besoin naturel. C'est à ce moment-là que Miro choisit de sortir de la forêt au grand galop sur la colline en face. Je lâche quelques noms d'oiseaux et me reculotte en vitesse. Le temps qu'il arrive à côté de nous, je suis de nouveau présentable, juste un peu rouge de honte, peut-être !
« Me voilà, que tout le monde se rhabille ! »
Miro nous dit qu'il a rassemblé les vaches un peu plus loin. Nous nous mettons en selle et nous dépêchons d'aller les retrouver avant qu'elles se dispersent de nouveau. Sur le chemin, nous croisons une petite grange sur le flanc de la montagne. Elle est construite dans le sens de la pente et, même si ça ne se voit pas bien sur la photo, la pente est sacrément raide !
Bien vite, nous retrouvons nos vaches. Elles sont une douzaine, des jeunes, des vieilles, toutes petites et très poilues, des vraies vaches bulgares.
Miro nous demande alors de passer devant et d'ouvrir la marche tandis que lui poussera les vaches derrière nous. Nous voilà partis. Hélène et moi sommes ravies de notre nouvel emploi de cow-girls à la bulgare !
Nous quittons les hauteurs pour descendre dans la forêt. Nous arrivons à un petit abreuvoir où nous laissons nos grisous se rafraichir un petit coup.
À ce moment-là, Miro nous appelle et nous dit de laisser les vaches nous dépasser : il vient de recevoir un coup de téléphone de son ami, celui-ci dit finalement ne plus avoir besoin de nous pour descendre ses vaches. Nous abandonnons le troupeau là et reprenons donc notre route, un peu dépitées que l'épisode Far West soit si vite terminé.
Nous descendons dans un chemin en lacet sur ce qui me semble être une coulée d'avalanche, un grand espace vide qui descend tout droit vers la vallée. Le chemin est extrêmement accidenté et caillouteux, Tyler progresse lentement mais sûrement. Je suis la dernière du groupe, je prends même un peu de retard mais c'en est presque agréable. Tyler et moi, on prend notre temps, on arrivera en bas quand on aura envie.
En bas, nous retrouvons les arbres et rattrapons un large chemin forestier.
Le vieux chien de Miro, qui trottine juste derrière moi, a mis la patte sur un os, quand nous étions encore avec les vaches. C'est une pâte de chèvre ou de mouton, à en juger par la forme du sabot qui est toujours accroché au bout de l'os. Il fait un bon bout de chemin avec, n'attendant qu'une petite pause pour le rogner, mais décidément, nous allons trop vite pour lui, juste avant l'heure du pique-nique, il abandonne son os, trop fatigué pour continuer à le porter...
Nous passons devant une mangeoire pour les cerfs. Ici, les gardes du parc national leur distribuent du fourrage et du maïs en hiver. Les ours aiment bien trainer par ici, plus pour le maïs que pour les cerfs. Selon Miro, les marques sur l'abri sont bien des griffures faites par un ours. Impressionnant !
Un peu plus loin, nous faisons halte pour le pique-nique. Comme les jours précédents, nous faisons un petit feu pour cuire les saucisses.
Pour la première fois du séjour, nous ôtons notre pull pour nous prélasser au soleil ! Je vais même jusqu'à chercher dans mes affaires une chemise à troquer contre mon sous-pull en laine, tellement la température est agréable.
Une petite photo pour immortaliser ça !
Nous avalons nos saucisses grillées agrémentées, comme d'habitude, par du pain, du ketchup bulgare et du fromage. Au dessert, il y a des gâteaux fourrés au chocolat. Je me jette dessus et le regrette bien vite : ils ne sont vraiment pas fameux... Enfin, ça fera l'affaire !
Après une petite sieste au soleil, nous reprenons le chemin d'Apriltsi. Le temps est sublime, la lumière est magnifique, je savoure ces instants que je sais être les derniers.
Nous prenons le trot dans la forêt, il fait bon. Après avoir arrimé plus solidement le paquetage de Glotché qui menaçait de tomber, nous faisons un grand galop dans une vaste prairie. L'étalon part comme une bombe, Tyler le suit à un bon train, je l'encourage de la voix, tout est bien. Et puis nous remettons nos chevaux aux ordres pour pénétrer dans un village.
Nous marchons dans les petites rues, nous passons devant une maison où un cheval bai pâture au piquet. Nous croisons une petite vieille un peu effrayante et passons un long moment à échafauder des hypothèses à son sujet : où peut-elle bien aller à pied avec son sac de commissions ? Nous n'avons vu aucune épicerie, pas la moindre boutique. Mystère !
Un peu plus loin, Miro nous annonce que nous allons passer devant sa ferme et que nous devons donc mettre plus de distances entre nous et l'étalon. Devant ses juments, il peut se montrer plus agressif que de coutume. Simple mesure de précaution, il ne bouge même pas d'une oreille quand nous passons devant une sublime jument arabe blanche et son poulain, un petit gris fer tout ébouriffé. La ferme de Miro est impeccable. Tout est rangé, les clôtures sont droites, les enclos sont propres, on dirait une ferme Playmobil ! Ça ne m'étonne pas de lui, d'ailleurs. Il est tellement rigoureux quand il s'agit des chevaux...
Nous continuons à avancer dans le village et passons par un endroit que je reconnais comme étant le chemin du ranch. Nous sommes passés par là le premier jour, je m'en souviens trop bien.
Petit cheval au travail avec un pompon traditionnel.
Inexorablement, nous rentrons et bien vite, nous voilà devant les ruines de l'écurie.
C'est fini. Nous attachons nos chevaux, déchargeons nos sacoches et rassemblons nos affaires avant de dire adieux à nos montures de cette semaine. Miro nous fait savoir qu'il viendra nous voir à la maison d'hôte après le dîner. Un dernier bisou à Tyler et nous voilà repartis.
À Apriltsi, nous retrouvons nos chambres et nos affaires. Après une bonne douche chaude, nous remettons nos chaussures pour arpenter les rues du village. Cette fois-ci, nous nous dirigeons vers la place centrale, histoire de faire quelques photos sous la statue monumentale coiffée d'un nid de cigogne.
Nous explorons un peu les environs et tombons sur un charmant petit ruisseau. Nous prenons quelques photos et nous faisons immédiatement remarquer des gens du coin. Qu'on se le dise, il y a deux touristes à Apriltsi !
Et puis, comme on ne se débarrasse pas comme ça de ses vieux travers, nous allons nous installer dans un bar, commandons deux bières et des cacahuètes que nous savourons, dans le soleil de la fin d'après-midi.
Avant de rentrer, nous faisons quelques achats à la supérette. Hélène achète de la rakkia, moi je fais une razzia au rayon chocolat et repart avec une ribambelle de tablettes de Milka. Ensuite, nous rentrons à la maison d'hôte pour le diner. Nous prenons un bon repas à l'issue duquel Miro nous rejoint pour partager le dessert. Nous reparlons de la randonnée, nous parlons d'équitation western et puis nous le remercions pour tout avant de nous coucher pour notre dernière nuit en Bulgarie.