Me voilà de retour de 8 jours de randonnée à cheval en terre de glace et de feu... l'Islande !
Voyage unique pour moi que j'ai envie de partager avec vous.
L'idée a germé à l'automne dernier à Equitalyon. Nous nous sommes arrêtées un peu par hasard avec une copine au stand d'une agence de voyages à cheval. Un conseiller est venu à notre rencontre. Conversation engagée, je lui fais assez vite part de mes réticences à la randonnée. Quand j'étais ado et faisais du TREC, la perspective du POR m'ennuyait autant que celle du PTV m'excitait. Il y avait bien depuis ces sorties à cheval entre copines que j'appréciais mais pour moi la rando était encore synonyme d'hébergement à la dure et de (trop) longues journées à cheval. En bon commercial, il m'explique que la randonnée s'est adaptée aux attentes des cavaliers et que de nombreuses formules étaient proposées selon les aspirations de chacun. Je suis repartie avec le catalogue et l'idée faisant son chemin, je me suis dit que ce pourrait être une bonne façon de découvrir d'autres horizons. Rapidement, le caractère unique du cheval islandais m'a attiré et mon choix s'est posé sur une randonnée niveau intermédiaire ++, c'est-à-dire avec des journées progressives (i.e. pas 40 km dès le premier jour) et, important, des hébergements plutôt confortables dans des fermes d'éleveurs ou des gîtes.
Arrivée en IslandeArrivée à Reykjavik où, après avoir déposé les affaires à l'hôtel, nous sommes invités à une soupe de bienvenue dans la structure organisatrice, Ishestar. J'apprends que ce centre de tourisme équestre organise des randonnées à la journée depuis Reykjavik et travaille avec des partenaires locaux (des fermiers) pour les randonnées à la semaine ou davantage avec des points de départ en différents endroits du pays. J'ai alors eu le sentiment d'avoir acheté un voyage avec un peu trop d'intermédiaires, souhaitant que les fermiers soient correctement rémunérés de leur travail.
Mais en y repensant, Ishestar s'occupe en Islande de la communication et de la commercialisation des ces randonnées leur assurant une bonne visibilité et sans l'agence de voyages en France, je n'aurais pas connu ces randonnées. Donc finalement, ce système est peut être bénéfique pour tout le monde...
Ce soir là, je découvre le groupe, complètement international, je suis la seule française ! Angleterre, Allemagne, Pays-Bas, Canada, Autriche, Etats-Unis (Nouveau-Mexique) et notre guide sera... Suédoise. Me voilà à remobiliser mon anglais, ce qui m'aura fait le plus grand bien ! Curieusement, je pense que s'il y avait eu d'autres français, je n'aurais pas été autant dans l'échange et le partage d'expériences. Ma petite fierté est d'avoir été congratulée plusieurs fois pour mon niveau d'anglais (pour une française^^) moi qui ne pratiquais plus depuis la fin de mes études et mes 6 mois aux Etats-Unis.
Découverte de la ferme et des chevauxNous voilà au départ de notre premier jours à la ferme Kalfholl. Première rencontre avec les chevaux et première approche de l'équitation islandaise. Pour ce premier jour, 15 km, sans le troupeau qui sera avec nous pendant toute la randonnée et qui nous permettra de changer de cheval plusieurs fois par jour.
* Le cheval islandaisJ'ai d'emblée été frappée par la diversité des modèles. Il n'existe pas un type de cheval islandais avec un modèle unique mais des morphologies différentes. Certains chevaux sont fins avec des têtes légèrement arabisées alors que d'autres seront plus massifs, moins élancés, de tailles diverses également. Il y a aujourd'hui 80 000 chevaux en Islande (pour 300 000 habitants), ce qui laisse à penser que la qualité des chevaux est variable. Ce qui en fait leur beauté avant tout, c'est la diversité des robes lorsqu'ils sont en troupeau... Beaucoup ont des marques primitives comme des raies de mulet sur du gris, de l'alezan ou du bai et également parfois des zébrures sur les membres qui sont rares chez nous.
Ce sont des chevaux bien éduqués et clairement bien dans leur tête, le mode de vie doit y faire. Les islandais ont une vision utilitaire du cheval ce qui ne les empêche pas de les aimer. J'ai appris qu'à l'instar du cheval Franche-Montagnes, les chevaux islandais qui ne remplissent pas leur office (tapeurs, difficile à monter) sont éliminés des troupeaux. Le cheval islandais sympa et pratique n'est donc pas le fruit du hasard.
* Le tölt, l'amble...Le cheval islandais a été introduit il y a plus de 1 000 ans par les colons vikings. Le tölt et l'amble étaient des allures courantes chez les chevaux européens à cette époque que les sélections successives ont supprimé, tout comme la diversité des robes que l'on recréé ajd. En cela, il est un témoin du passé. D'autres races exportées hors d'Europe ont conservé des allures latérales (comme le Paso Fino) mais seul l'islandais possède jusqu'à 5 allures.
Personnellement, je n'ai pas trouvé le tölt aussi confortable que je ne me l'imaginais...
A vitesse lente, pas de souci, peut-être avez-vous vu dans des salons des cavaliers tenir à cheval un verre d'eau (ou de bière) qui n'éclaboussait pas alors que leurs chevaux étaient au tölt.
A vitesse plus rapide, c'est moins évident, tous ne sont pas des tölters confortables naturellement. J'ai été assez mal sur le premier cheval qui m'a été confié, non pas des douleurs au dos mais l'estomac littéralement retourné ^^. Et là, vous cherchez tous les stratagèmes. Trotter enlevé ne fonctionne pas (et pour cause^^) et se mettre en équilibre n'annihile pas toutes les secousses non plus. En gros, le cheval était confortable qqs foulées puis devenait sautant dans son allure. Certainement, mon inexpérience en équitation islandaise n'a pas aidé, j'avais clairement au début une position d'équitation classique alors qu'il aurait fallu m'assoir bien plus en arrière pour dégager l'avant-main. Passée cette première mauvaise expérience, j'ai eu des chevaux bien meilleurs tölters même s'il est clair qu'il y a des secousses quand même.
A noter que l'amble de course (flying pace) est rare et que, contrairement au tölt, c'est une allure éprouvante que les chevaux ne peuvent pas tenir plus de qqs centaines de mètres.
* L'équitation islandaise en randonnéeElle est clairement plus rustique que la nôtre. Pas de pansage ou très peu (les chevaux sont propres au pré) pas de tapis de selle, pas de curage des pieds. Tous les chevaux étaient ferrés des 4 pieds.
Les randonnées sont rapides, au moins 80% du temps au tölt, y compris sur des chemins volcaniques (caillouteux) là où vraisemblablement la plupart d'entre nous garderions le pas.
L'adage qui veut voyager loin ménage sa monture ne s'applique de la même façon. On va vite mais on change de cheval régulièrement, on a pas qu'un seul compagnon de route.
Il y a eu plusieurs chevaux légèrement boiteux. Evidemment, ils étaient de suite relâchés dans le troupeau qui était avec nous. Fatigue, cheval qui se tord légèrement un membre, cheval qui compense les irrégularités de son cavalier, difficile à dire, il y a certainement de nombreux facteurs.
Pour autant, même si j'ai parfois été interloquée, je pense que notre culture équestre n'est pas supérieure à la leur et que l'on est pas en mesure de la juger. Leurs chevaux ont une longévité remarquable, ils ne montent pas avec des mors coercitifs, ni des enrênnements, pas de chevaux tiqueurs etc
Notre parcoursDes journées de 20 à 30 kms en moyenne avec 48 kms le dernier jour.
Nous avons eu l'occasion de nous arrêter aux chutes de Gulfoss ou à des geysers que nous avons pu approcher pendant notre pause déjeuner, les chevaux se reposant dans un enclos à proximité. Nous avons fait le bonheur d'autres touristes qui n'ont pas manqué de nous prendre en photos à ces qqs heures où nous nous retrouvions parmi nos semblables avant de reprendre nos chemins presque seuls au monde.
De retour de voyageL'expérience a été physique et parfois difficile contre les éléments avec qqs pluies particulièrement persistantes et également un vent qui nous rappelle que l'Arctique n'est pas loin même en plein été, mais ce fut une très belle expérience. Le pays est magnifique avec ses sols bouillonnants, ses formations géologiques extraordinaires, son soleil qui ne se couche pas en été...
L'expérience humaine a été belle et la rencontre avec le cheval islandais remarquable dans une vie de cavalier.
Bref, heureuse
A l'arrivée à Reykjavik
Lysinguo, premier cheval, celui avec le tölt difficile^^
Lac de Pingvellir, classement UNESCO
Aska, ma principale jument pendant la randonnée, jolie poupette, légère et agréable et qui fait volontiers course en tête
Aska encore
Julia (Allemagne) et Sockie, au fond, la fumée blanche que vous voyez, ce sont des gesyers !
Karen (Allemagne)
Mona, jument très sympa également sous la selle, avec elle on se rend bien compte de la puissance du cheval islandais
Diversité des couleurs...
Ca, c'est la tenue pour quand il fait très mauvais... et pour pas qu'on nous perde peut-être ^^
Les sacoches étant petites, j'ai fait ma délicate au départ de la ferme en ne prenant que le haut. Le deuxième jour, il a plu, mes jambes étaient trempées jusqu'aux os. Je me suis débrouillée pour récupérer un pantalon, et je ne me suis plus faite prier pour le mettre ensuite ^^
Troupeau
Les chutes de Gulfoss
Kveikja, jument toute légère, allante et sensible
Nota : pour Barrac, j'ai fait attention suite à ta question, tous ceux que j'ai montés étaient horizontaux au tölt sauf Kveikja et l'autre jument ci-dessous qui étaient hautes naturellement.
Fröken, très plaisante aussi, dans le même genre de Kveikja