Nestor, Rocky et moi vous saluons !

Bonjour, bienvenue ici !

Déjà bien avancée dans ton cheminement personnel, j'espère que tu en nous fera partager un peu

Bienvenue à vous trois !

J'ai fait quelques stages chez un éleveur de trotteur, et quelques jours à l'entraînement.
Comment sens-tu la différence chez tes chevaux ? C'est un sujet qui m'intéresse !

@Runya comment as-tu été amenée à effecteur ces stages ? Tu en gardes quel souvenir ?

Je pense que l'entraînement intensif que l'on fait subir aux trotteurs les "changent". Les techniques d'entraînement, les conditions de détention, les personnes qui gravitent autour du cheval, les courses en elles-mêmes, forment un moule dans lequel chaque trotteur doit entrer, de gré ou de force. Il n'y a que peu de place et de temps pour l'individualité, les chevaux doivent s'y faire comme ils peuvent ... Cette réflexion, je me la suis faite à posteriori. A l'intérieur de la machine, je ne voyais rien de tout cela.

Nestor avait été réformé pour cause de graves inflammations en tout genre dans le dos, sans qu'on trouve jamais vraiment d'où ça venait. C'était un gentil cheval, malléable, facile, pas vicieux. Je l'ai acheté. 2 ans plus tard, lorsque j'ai commencé à vouloir sortir en extérieur, je me suis rapidement rendue compte qu'il explosait régulièrement de peur en promenade. Il devenait vraiment fou dangereux d'un seul coup, je n'avais plus aucun contrôle. Je suis même une fois tombée dans une rivière avec lui ... Je ne comprenais pas du tout ce changement radical d'attitude, lui qui était si placide à la maison. J'ai fait une longue pause avec lui, tellement je flippais de ses pétages de plombs. Très novice dans l'approche comportementale du cheval et désappointée, je me suis un jour plongée dans le livre de VsV "Quand le cheval a peur", et c'est là que j'ai eu une révélation : mon Nestor ne me donnait jamais aucun signe avant-coureur avant ses crises de panique. Pas un geste, pas une attitude qui pouvait clairement me montrer qu'il commençait à flipper. J'ai généralisé mon observation : il ne trottait plus correctement avant sa réforme, mais les praticiens n'arrivaient jamais à trouver d'où ça pouvait provenir, le cheval ne semblant pas souffrir... Ça et d'autres exemples m'ont amené à une conclusion : mon cheval ne s'exprimait pas. En fait, en promenade, lorsqu'il était confronté à quelque chose d'effrayant, il restait figé dans sa position, gardait son rythme inchangé, ne bougeait même pas une oreille, bravant sa peur sans en montrer le moindre signe jusqu'à ce que la tension devienne insoutenable et qu'il pète un câble. Pareil pour ses douleurs, il serait des dents et ne montrait rien, aucune réaction. Mon gentil cheval placide était en fait une huître complètement fermée. Mon grand travail avec lui a été de lui réapprendre à s'exprimer. Ça a pas été simple ! Aujourd'hui, je vois ce que je pense être le vrai Nestor : assez cabochard finalement, toujours calme et posé, réfléchi, parfois ronchon  Il sait qu'il peut dire NON et qu'il sera écouté et ça change toute sa façon d'être. En promenade, j'ai de nouveau toute confiance en lui depuis quelques années. Il a tout d'un bon cheval de tête.

Pour Rocky, c'est tout différent. C'était un petit cheval très émotif et nerveux, un papillon incapable de se poser et vite inquiet. Il était brouillon dans ses gestes du quotidien, constamment sous pression, ultra-sensible et sur-réagissait à la moindre sollicitation. D'ailleurs, son ancien proprio me disait qu'il avait été sujet aux ulcères et pas facile à garder en état. Le grand défi avec lui, c'est de l’amener à réfléchir et se poser, et non à réagir coûte que coûte quitte à faire n'importe quoi. Ça commence à bien rentrer dans sa tête, et Nestor est un bon maître d'école sur ce point.

C'est super intéressant ce que tu raconte pour Nestor !
Il va falloir que tu leur ouvre un journal à tes loulous

Combien de temps il t'a fallu à partir du moment où tu t'es rendue compte qu'il ne s'exprimait pas et celui où tu as pu de nouveau sortir en balade en confiance ? Qu'est ce que tu as changé dans ta manière de faire avec lui ?

Je demande tout ça car ça raisonne assez bien en moi pour le cheval de ma soeur, Nox, au passé incertain (pas des courses vu son physique mais on ne sait pas...). Pareil hyper calme à pied bien qu'assez peureux, pareil on s'est rendu compte que quand il avait peur il se tendait et passait, dans un second temps il détournait la tête et passait ; nous on lui a apprit à prendre le temps de se rassurer. Et monter, des crises de paniques ont fait qu'au jour d'aujourd'hui, il n'est plus du tout monté.

C'est sûr que ces chevaux "difficiles" nous aident à progresser dans notre pratique.

@Marie & Tango : Mon déclic "grosse remise en question" est parti de ces constats que je faisais avec mon gros. Donc je ne peux que t'approuver quand tu dis que ce sont ces chevaux dits difficiles qui nous font progresser !

Entre la période où je me suis rendue compte de la nature de nos soucis, et les premières promenades où je ne suais plus 3L d'anxiété (  ), je dirais qu'il nous a fallu 1 an et demi à 2 ans. Ça peut paraître long, mais je n'y connaissais rien au début, j'étais en plein apprentissage de toutes ces nouvelles connaissances sur le comportement du cheval. J'ai tâtonné pas mal, avec lui, essayé différentes choses, qui ont plus ou moins fonctionné.

Au départ, je n'ai pas su par où commencer. Comment amener un cheval à s'exprimer quand ça fait des années qu'il a appris à ne plus rien dire ? D'abord, je suis descendue de cheval. J'ai découvert qu'à pied, c'est bien aussi ! Et c'est en extérieur qu'on a réellement progressé, bien que j'ai eu la boule au ventre pendant longtemps à l'idée de ressortir avec lui, même à pied. C'est là encore VsV qui m'a donné la clef. Le schéma "s'approcher du monstre, s'arrêter en dessous du seuil de pression, attendre qu'il n'y ait plus de démonstration d'intérêt, s'approcher de nouveau un peu, etc ... jusqu'à toucher l'objet de la peur". En main, je l'ai ramené devant des "monstres" qu'on avait déjà pu identifier pendant ses crises de panique. Je me suis arrêtée à bonne distance (loiiiin !!) à chaque fois (morte de trouille), ne sachant jamais où il en était dans son état de stress. J'attendais une bonne minute, j’avançais de 2 pas, arrêt de nouveau, pause, avance de 2 pas etc. Je faisais tout le cycle de désamorçage de la peur mais sans signe de la part de Nestor, à tâtons quoi. Et miracle, on finissait par passer chaque embûche sans problème. C'est un schéma devenu systématique : dès que je voyais quelque chose éventuellement susceptible de pouvoir peut-être lui faire un peu peur, je répétais mon manège (on faisais des balades de 3 km en 1h30 quoi  ) ça peut paraître super chiant mais j'ai pu enfin remonter à cheval sans risquer de me tuer ......

A force, il a compris le truc. Il a fini par me donner ce schéma tout seul, et là c'était gagné. Il a eu un déclic je pense. Je le laissais faire, je touchais à lui le moins possible. Les oreilles sont devenues mobiles face aux objets de peur que lui avait identifiés, la face plus expressive, il a arrêté de grincer des dents aussi.

A partir de là, il a su qu'il pouvait proposer des choses et stopper, prendre son temps quand ça n'allait pas pour lui. Il a commencé à me montrer qu'il avait mal au dos, qu'il préférait les grattouilles sur le côté gauche, qu'il était content de me voir, pas content d'être vermifugé etc ... J'essaye au maximum de l'écouter et de lui montrer autant que possible que je l'ai compris.

C'est pour cela maintenant que j'ai toute confiance en lui. Ce n'est pas une "assurance vie" en extérieur, dans le sens où il est inquiet de beaucoup de choses mine de rien, mais je sais que si ça va pas, si il ne le sent pas, si il a un doute, si il a un problème, il s'arrêtera dans le calme et je pourrais aviser. C'est HYPER rassurant.

Le contre-coup, c'est que je lui ai beaucoup appris à s'exprimer à travers la possibilité pour lui de dire NON. Ça me donne un Nestor parfois un peu têtu avec qui il faut parfois beaucoup parlementer (mais c'est un bien moindre mal !!!). A l'heure actuelle, j’essaierais de réorienter vers plus de OUI. Propose moi des choses positives, je te récompense, au lieu de systématiquement dis-moi non quand ça va pas, je te laisse tranquille.

J'espère que mon témoignage peut t'apporter une piste de réflexion pour Nox !

Bravo pour ton chemin avec lui. Beaucoup n'auraient pas eu ta patience.

Je t'avoue que j'ai eu des moments de découragement ... Ça n'a pas été aussi rose que ça en a l'air a posteriori ! Mais je me disais, au pire, il fait une tondeuse particulièrement efficace !

Bravo oui !
Et la suite promet d'être très enrichissante aussi pour vous !

ça ne me parait pas long.... Et puis au vu du résultat ça valait le coup! Je me suis mise à l'équitation étho dans des conditions très similaires et avec le même bouquin... VSVS on t'aime!!!!!

C'est passionant ce que tu racontes.
Bravo pour ta patience et d'avoir su changer de point de vu de manière aussi efficace !

J'avais fait les stages "pour le plaisir", le haras appartenait au frère d'une amie de mon père, c'était l'occasion pour moi de découvrir une autre facette du monde du cheval.
Les poulains à l'élevage n'étaient pas particulièrement manipulés (il faut dire qu'il y en avait vraiment beaucoup), on rentrait certaines juments la nuit, les box étaient très propres et il y avait une montagne de foin dans chacun. Même avec le recul que j'ai maintenant, je pense que les chevaux étaient heureux là-bas.
A l'entraînement, pas de souvenirs de "violence" (physique ou psychique) sur les chevaux non plus, mais je n'étais pas restée longtemps. Je me souviens que les chevaux allaient au paddock et qu'effectivement, on ne passait pas beaucoup de temps sur chaque cheval une fois descendu du sulky.

Super intéressant ce témoignage  Moi j'ai le problème inverse, une jument qui exprime beaucoup trop sa peur, du coup j'anticipe : elle ronfle = je me tend = elle se tend = on a peur = c'est la folie. Du coup je devrais me plonger dans ce livre dont tu parles, je suis sure de pouvoir en tirer plein de bonnes choses !

Donc en gros tu sors en dextre en sulky avec un grand inquiet et un grand émotif ! Ben dis donc ça m'impressionne. T'es pas une peureuse toi pour le coup... Chapeau !

philosophi a écrit:

Donc en gros tu sors en dextre en sulky avec un grand inquiet et un grand émotif ! Ben dis donc ça m'impressionne. T'es pas une peureuse toi pour le coup... Chapeau !

Dis comme ça, ça fait un peu tête brûlée d'ailleurs Paradoxalement, je les trouve plus faciles à gérer à 2 que seuls. Il y a l'effet de "groupe", qui doit les rassurer. J'ai aussi l'impression qu'ils se nivellent dans le bon sens l'un l'autre : Nestor passe beaucoup plus facilement ses flippes puisque Rocky n'a quasiment peur de rien et Rocky est moins chaud et speed en suivant l'allure débonnaire de Nestor. Sont complémentaires ces loulous

Ca me fait penser à Nello qui se repose sur moi quand on est seuls, et montre ses angoisses, mais prend fièrement les devants en groupe et ne montre aucune peur. Il lui faut un copain à protéger!