Hier ma copine Frahou a monté Lotus, en balade, au pas (moi je suivais avec Fleur, en longe)
Lotus est habituellement monté selon la "méthode" de VSV, soit rênes longues, politesse des aides, escalade des aides, contrats.
Frahou est cavalière de club, un peu trouillarde, n'ose pas s'affirmer.
Nous voilà donc partis, contrairement à moi Frahou
ne rend pas les rênes à 100%, mais les garde mi-détendues. Lotus ne
gardait pas l'encolure horizontale, n'allongeait pas le pas, avait
tendance à "bourrer" dans les descentes (dos creux, poids sur les
épaules)
Pour ce qui est de la peur, il n'a pas la liberté
d'encolure pour faire le périscope (lever et tourner la tête en tous
sens), il n'ose pas mettre le nez par terre (se cogne sur le mors).
Une petite anecdote, il a fait le trouillard en
apercevant l'abreuvoir. J'ai ordonné à Frahou de rendre totalement les
rênes, Lotus a mis le nez par terre à plusieurs mètres, et s'approchant
peu à peu, il a bu !
Pour ma part, je remarque comme inconvénient, que le
cheval n'est jamais totalement détendu, quand on ne fait rien, et que
si on a besoin d'intervenir, on perd/ prend tout de même quelques
instants, le temps de remonter sur les rênes. Donc, le même
"inconvénient' qu'en ayant les rênes totalement longues, sans les
avantages.
J'ai aussi remarqué, que je laisse énormément d'initiative à mon
cheval. Là Frahou le gardait du même côté du chemin, le remettait droit
dès qu'il tournait la tête. Moi, du moment qu'il reste sur le chemin,
peu importe la direction de sa tête. Et quand il y a quelque chose à
voir, il y va, on dirait qu'il est "formaté" à la méthode "gérer ses
peurs" ! il fait tout tout seul : s'arrête, regarde, va sentir
même
plus besoin de cavalier quoi (hihi)
En remarquant que Frahou a tendance à le retenir,
l'empêcher de s'arrêter, d'aller voir, j'ai avec joie constaté que je
"lis" bien mon cheval. Là où Frahou voit de la négligence (ne marche
pas droit) une volonté absurde de sortir du chemin (pour aller voir un
engin au bord d'un champ) un risque de se faire embarquer (cheval qui
va plus vite) moi je vois un cheval intelligent, qui choisit son
terrain sous le pied, qui curieux tient à observer de lui-même les
objets bizarres, qui profite d'une légère pente pour accélérer le pas.
Ca m'a fait très plaisir !
J'ai observé d'autres choses, sur les actions de rênes. J'utilise une
rêne à la fois, de manière discontinue, Frahou en utilise deux. Lotus
collait Fleur de trop près, celle-ci le menaçait en levant le
c***, Frahou était perdue, tenant les rênes courtes, ce qui fait
que Lotus s'appuyait sur le mors, se raidissait et bourrait de plus
belle. Les Merens, avec leur mental froid, ont vraiment tendance à ça.
Ils s'endurcissent facilement.
Je lui ai montré comment agir sur 1 seule rêne, en
lâchant l'autre (ayant peur que le cheval "lui échappe", Frahou tend la
rêne extérieure à chaque action de main, donc le cheval ne sait plus où
il en est) pliant l'encolure, au besoin, désengageant les postérieurs
pour un arrêt-punition, et rendrant les rênes en récompense tant que le
cheval est à distance raisonnable.
Ca a été mieux.
Un peu plus tard, il s'est passé à peu près la même
chose, dans une courte pente : cheval qui accélère, Frahou tend les
rênes, il s'appuie sur le mors, non seulement ne ralentit pas, mais se
met à trottiner, complètement sur les épaules ! Et oui, --> pas
d'action discontinue, le cheval s'appuie
--> pas de "rendu" en récompense, immédiate et franche, le cheval ne trouve pas de confort à obéir...
Autre souci, Merens est gourmand, il tente de brouter en chemin ! Avec
moi, la réponse est immédiate, remise en avant, cravache sur l'encolure
u l'épaule. Frahou n'ose pas cravacher (peur de représailles, et peur
que le cheval ne l'aime plus
ça me rend toujours perplexe) elle tire sur les rênes, bien sûr un
Merens qui a le nez dans l'herbe ne sent rien... Bref elle perd de sa
crédibilité... Sans arriver à surmonter son appréhension, se forcer
pour une fois à sévir.
Je trouve que ces observations ont été très fructueuses pour moi. Ne
croyez pas que je "charge" Frahou, qui comment des maladresses, je
raconte cela car ça m'a permis de mesurer le chemin accompli sur
moi-même.
Moi aussi, il y a quelques années, j'étais comme
elle. J'avais peur que le cheval parte, s'emballe, sans raison, ayant
monté en club tant de chevaux qui n'attendaient q'une brève et rare
sortie en extérieur pour "s'éclater" (au grand dam de leur cavalier ! )
Je pensais que laisser le cheval regarder, lui
permettait de voir des choses effrayantes (donc de s'en effrayer), lui
laisser la tête libre, me faisait perdre le contrôle, garder les rênes
mi-tendues, me permettrait de canaliser le cheval et le ratrapper plus
vite.
J'avais appris à demander, et ne relâcher les aides
que quand le mouvement était terminé d'exécuter. J'utilisais le contact
fréquent sur 2 rênes, sans comprendre que les rênes sont connectées au
cerveau et aux pieds, pas seulement à la tête et au corps.
Tout ça je l'ai acquis en travaillant mon propre cheval, en voulant ce
qui est le mieux pour nous deux, à partir des livres de VSV, on s'est
formés ensemble ; en même temps que Lotus devait apprendre les
contrats, à gérer sa peur, moi j'ai appris à rendre les rênes, à agir
de manière brève puis à rendre, à utiliser 1 seule rêne sans tendre
l'autre.
Le bon cheval d'extérieur qu'est Lotus a fait un
long chemin avant d'en arriver là, mais voir Frahou, m'a permis de
mesurer aussi le chemin qui a été le mien !
Plus que jamais cela m'a prouvé le bien-fondé de la "méthode" VSV, la
justesse de ses observations, et aussi, la nécessité et la difficulté
qu'il y a, pour nous cavaliers, à prendre sur soi, perdre ses
habitudes, acquérir de nouveaux fonctionnements plus adéquats.
Bref, hier j'étais contente et fière de voir que même avec une
cavalière bien différente de moi sur le dos, Lotus a été brave, et a
fait un très beau cadeau à Frahou, en étant sage, patient, "maitre
d'école" !